Le marché français de l’investissement en immobilier d’entreprise termine l’année 2023 sur un repli de 57 %. Le volume des transactions n’aura atteint que 11.6 Md€ en 2023.
Immobilier d’entreprise : -57 % sur l’ensemble de l’année 2023
Un chiffre qui ne fait que confirmer la tendance observée depuis le début du 2e trimestre.
Le rythme trimestriel des investissements passait alors de 4.6 Md€ à 2.5 Md€, baissant encore à environ 2 Md€ au 3T 2023, pour finir de nouveau à 2,5 Md€, au 4T.
Les données du groupement ImmoStat diffèrent, comme d’habitude, de celles présentées, individuellement, par les courtiers en crédit immobilier.
Normal, puisque les chiffres ImmoStat ne prennent pas en compte les opérations conclues avec les entreprises locataires, qui ont été plus nombreuses que d’habitude en 2023, notamment dans l’immobilier haut-de-gamme parisien.
BNP Paribas RE, par exemple, estime le volume global annuel 2023 à 14,4 Md€ ; toutefois peu importe le chiffre, le constat reste identique : une baisse historique des transactions…
Un retour au niveau des transactions de 2010
BNP Paribas RE observe ainsi que le volume annuel des investissements 2023 est revenu « à un niveau proche du volume enregistré en 2010 ».
Il constate aussi que le « traditionnel rallye des volumes du 4e trimestre n’a pas eu lieu », ce qui a conduit à un quatrième trimestre « bien loin de sa moyenne de long terme (11.3 Md€) ».
Tous les observateurs s’accordent aussi sur les causes de ce plongeon des transactions.
Outre, évidemment, la remontée brutale des taux directeurs qui s’est produite en 2022, ils pointent les autres facteurs économiques, géopolitiques, ou sectoriels qui ont pesé sur le moral des investisseurs, à l’instar de la guerre en Ukraine et de la montée des tensions au Moyen-Orient.
Un nouveau cycle haussier pour l’immobilier en 2024 ?
Cushman & Wakefield, tout comme d’ailleurs BNP Paribas RE, se montrent en revanche assez optimistes pour 2024.
L’un comme l’autre observent que la prime de risque de l’immobilier est « en cours de reconstitution », du fait, bien sûr, de l’arrêt de la hausse des taux directeurs de la BCE, mais aussi du repli de l’OAT 10 ans, passés « de 3,50% en octobre dernier à 2,60% actuellement », précise C&W.
La fin de la décompression des taux immobiliers -donc, la fin de baisse des valeurs- « semble se rapprocher sur le segment prime », estime pour sa part BNP Paribas RE.
Une année favorable aux investisseurs disposant d’importantes liquidités
En revanche, pointe C&W, « nous ne sommes probablement pas arrivés au terme de la dégradation des valeurs pour les actifs secondaires »…
Ce marché à deux vitesses, et en phase donc de retournement, pourrait profiter à une catégorie bien précise d’investisseurs : ceux dotés d’importantes liquidités disponibles. Catégorie dans laquelle se situeraient donc les véhicules immobiliers – dont les SCPI- en phase de collecte : « la fenêtre de marché pendant laquelle il sera possible de bénéficier de décotes substantielles devrait se refermer au cours de l’année 2024 ».