Amorce de baisse des taux en France sur fond de baisse de l’inflation !

inflation

L’Inflation a passablement baissé en Europe en 2023, arrivant pratiquement à la fourchette haute fixée par la BCE. Pour éviter une déflation, la BCE devrait abaisser ses taux directeurs….soit une potentielle baisse des taux d’emprunts sous peu.

Un paradoxe apparent

Dans les pas de la FED la Banque Centrale Européenne (BCE) a annoncé jeudi 14 décembre 2023 maintenir une nouvelle fois ses taux directeurs inchangés.

Cette décision ne constitue une surprise pour personne. Pourtant, sous l’Eau qui dort, les marchés obligataires sont en effervescence depuis fin octobre.

Le taux auquel l’État français emprunte à 10 ans (OAT) est ainsi passé de 3.50 % à 2.60 % en seulement quelques semaines, une baisse qui surprend par sa vitesse comme par son ampleur.

Ce découplage s’explique par la capacité des acteurs financiers participant à la formation des prix sur les marchés à se projeter dans le temps.

Le taux d’une obligation à 10 ans ne dépend pas tant des taux directeurs instantanés, qui ne sont en vigueur que pour quelques semaines, – jusqu’à la prochaine réunion de la banque centrale – que de l’anticipation par les acteurs du Marché de ce que seront ces taux directeurs, et donc l’inflation, au cours des mois et des années à venir.

Reflux de l’inflation

L’élément nouveau est bien là : les chiffres publiés par Eurostat montrent une accélération de la normalisation de l’inflation, qui n’atteint plus que 2.40 % sur un an à fin novembre en zone euro, à comparer à la cible de 2 % que se fixe la BCE.

Une baisse qui a surpris nombre d’économistes.

Le phénomène est notamment alimenté par un recul marqué du coût de l’Énergie. Le baril de pétrole (Brent) a chuté de 91 $ fin octobre à 76 $ à la mi-décembre et le gaz naturel américain de 3,80 $ à 2,47 $.

La BCE a, en conséquence, annoncé qu’elle revoyait à la baisse ses projections d’inflation pour 2024, à 2.70 %. Ce chiffre peut étonner en ceci qu’il est supérieur à l’inflation observée actuellement.

L’on devine cependant, que compte tenu du poids de l’Énergie et de la volatilité de ses cours, la banque centrale intègre une marge de prudence dans ses calculs. L’inflation dite sous-jacente, c’est à dire hors alimentation et énergie, reste plus élevée, à 3.60 % sur un an, et mettra plus de temps à revenir à la cible.

La BCE doit également composer avec le caractère hétérogène de l’inflation en zone euro. L’inflation demeure plus élevée dans certains pays : 6.90 % en Slovaquie, 5.50 % en Croatie, 4.90 % en Autriche ou encore 3.80 % en France selon l’indicateur harmonisé.

Par ailleurs, le démantèlement progressif des boucliers tarifaires mis en place pour protéger les consommateurs continuera d’alimenter l’inflation dans les mois qui viennent, de façon inégale selon les pays.

L’on comprend ainsi que la banque centrale souhaite s’assurer que tout le monde soit bien rentré dans les rangs avant de s’engager sur le chemin de la baisse de ses taux directeurs.

Il n’en reste pas moins que les acteurs du Marché tablent désormais sur un premier ajustement à la baisse qui interviendrait au 2ème trimestre 2024, voire dès le mois de mars. Et c’est cette prise de conscience d’une normalisation plus rapide qu’attendue des conditions d’inflation qui entraîne les taux obligataires à la baisse ces dernières semaines.

Conséquences pour le marché du Crédit

Des taux auxquels l’État français emprunte découlent aussi, indirectement, les conditions auxquelles les banques françaises peuvent se refinancer à long terme sur les marchés et, par conséquent, les taux auxquels elles sont prêtes à octroyer des financements.

Ces dernières semaines, de premières banques ont commencé à montrer des signes d’appétit retrouvé et signalé de premières baisses de taux, encore timides.

Néanmoins, si les conditions de Marché restent ce qu’elles sont, ce mouvement devrait maintenant s’amplifier et nous pourrions revenir vers des taux de crédit immobilier compris entre 3.50 et 3.80 % dans le courant du 1er trimestre 2024, contre environ 4.30 % actuellement.

Combinée à la correction en cours des prix de l’Immobilier et à la progression rapide des salaires (+ 4.20 % sur un an selon le ministère du Travail), cette baisse contribuera à re-solvabiliser certains candidats à l’accession à la propriété foncière dont la capacité d’emprunt avait lourdement chuté depuis début 2022.

Elle peut également donner un peu d’oxygène à l’investissement locatif alors que, dans les grandes métropoles, les taux de crédit étaient devenus supérieurs aux rendements locatifs.

Elle sera en revanche insuffisante à ce stade pour redynamiser le marché secondaire de la résidence principale (“secundo accession”).

Les nombreux propriétaires qui ont des crédits en cours à des taux souvent inférieurs à 1.50 %, s’ils déménageaient, se condamneraient à devoir les rembourser pour réemprunter à des taux bien supérieurs.

Il faudra vraisemblablement que les taux de crédit repassent sous les 3 % pour que les volumes de transactions immobilières reprennent quelques couleurs.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
office@kne-ltd.com

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