CAC 40, Pétrole, Or, Dollar… Quel impact de la guerre Israël-Hamas sur les marchés ?

CAC 40, Pétrole, Or, Dollar

Le CAC 40 réagit peu à la guerre Israël-Hamas.
En cas d’embrasement du pétrole, la Bourse et l’Économie risqueraient d’accuser le coup !
À contrario, l’Or et le Dollar pourraient être plébiscités.

Avec ce contexte de montée en flèche des tensions géopolitiques, de nombreux risques sont sur la table pour la Bourse ; le CAC 40 et Wall Street ne devraient pas être épargnés.

Dans le même temps, les cours de l’Or, du Pétrole et du Dollar pourraient tirer leur épingle du jeu, dans cette situation anxiogène.

Tour d’horizon.

Quand une guerre se déclenche par surprise, l’impact est historiquement négatif pour la Bourse

Les actions cotées en Bourse tendent à « largement ignorer » les conflits géopolitiques. Si l’on prend l’exemple des Etats-Unis, même en cas de grave escalade, les expériences passées ont montré que l’impact sur les fondamentaux de l’Économie ou sur les bénéfices des sociétés cotées était très limité.

L’on remarque entre autres, que pendant la Seconde Guerre mondiale, le Dow Jones a affiché une santé insolente, en gagnant 7 % par an en moyenne pendant cette période à oublier, marquée par des dizaines de millions de morts.

Pour autant, une étude du Swiss Finance Institute montre que dans les cas où il n’y a pas de phase d’avant-guerre (autrement dit, quand une guerre se déclenche par surprise), les actions cotées en Bourse tendent à réagir négativement au début d’un conflit…or, le méga-attentat perpétré par les terroristes du Hamas a clairement pris Israël par surprise.

Gare à un éventuel choc sur le pétrole

Charles Gave, président du think tank Institut des Libertés, fait le parallèle entre la guerre Israël – Hamas et celle de Kippour, qui a éclaté il y a exactement un demi-siècle.

À l’époque, des forces armées arabes, emmenées par l’Egypte et la Syrie, avaient agressé Israël. Et si le conflit avait rapidement tourné court, l’Opep, dénonçant le soutien américain à Israël, avait alors rapidement décidé un embargo sur les exportations de pétrole à destination des pays occidentaux.

En conséquence de quoi, le Pétrole avait alors explosé à la hausse (premier choc pétrolier des années 70), faisant ainsi décoller l’inflation.

Résultat : « la récession la plus profonde depuis la Grande dépression », avec à la clef un effondrement mondial de la Bourse, ainsi qu’une envolée du chômage et des déficits budgétaires.

« L’embargo de 1973 sur le pétrole a eu un impact négatif clairement visible sur l’Économie et a provoqué la plus forte chute des actions américaines (puis leur reprise la plus lente) depuis la Seconde Guerre mondiale », fait valoir de son côté John Plassard.

L’Or, le Dollar, le franc Suisse et le Yen pourraient tirer leur épingle du jeu

La guerre (et la menace de guerre) tendent traditionnellement à toujours favoriser une appréciation du Dollar.

Les périodes de conflits armés (ou tensions fortes) dopent aussi généralement le Yen et le franc Suisse, traditionnelles devises refuges pour les investisseurs internationaux. L’Or, aussi considéré comme une valeur refuge, est « historiquement le grand gagnant des conflits et tensions armés ».

Le roi des métaux précieux avait en effet été plébiscité pendant la révolution iranienne de 1978, puis, en 1979, pendant la guerre Iran-Irak, l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique et la crise des otages iraniens.

De même, le cours de l’Or avait bondi lors de la Guerre du Golfe de 1990.

L’attaque du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles et l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 avaient aussi favorisé un bond des cours de l’Or.

Le Pétrole pourrait jouer les trouble-fête

Le Pétrole a bondi du fait du début de la guerre Israël-Hamas, mais sa revalorisation reste pour l’heure limitée. Pour autant, sa trajectoire sera à suivre de près au cours des prochaines semaines et des mois à venir.

En effet, l’Iran, un poids lourd du Pétrole (membre de l’Opep, c’est le septième producteur mondial d’Or noir, avec une production moyenne de 3.3 millions de barils par jour en 2022 et des réserves de pétrole prouvées qui pointent au 4ème rang mondial), aurait été impliquée dans la planification des attaques du Hamas, si bien que de nombreux observateurs redoutent une aggravation des tensions géopolitiques.

Soulignons en outre que l’Arabie saoudite, l’Irak, les Emirats Arabes Unis et le Koweït, pays géographiquement proches d’Israël, sont également de très gros producteurs de Pétrole, ce qui ajoute à l’inquiétude.

Quelle trajectoire pour l’inflation et les obligations d’Etat ?

Historiquement, les obligations d’Etat des pays jugés « solides » (Etats-Unis, Allemagne, etc.) font office de valeurs refuges en cas de tensions armées et de craintes sur l’Économie, comme c’est le cas actuellement.

Du coup, leurs cours tendent alors à être soutenus, si bien que les taux à long terme (les rendements des obligations d’Etat), qui évoluent à l’inverse des cours, tendent à refluer.

C’est ce que l’on constate ce lundi sur le taux à 10 ans des Etats-Unis .

Attention, toutefois, en cas d’emballement des dépenses militaires, les déficits budgétaires et la dette publique pourraient bondir, ce qui aurait en théorie un impact haussier sur les taux à long terme.

De même, en cas d’explosion des prix du Pétrole, l’inflation remonterait en flèche.

Cela pourrait maintenir la BCE et la FED dans leurs postures sévères sur les taux directeurs, avec un soutien à la clef pour les taux à long terme.

Une envolée des prix du Pétrole aurait toutefois un lourd impact sur la croissance, ce qui est, en théorie, négatif pour les taux à long terme…

En cas de nouvelle escalade du conflit entre Israël et le Hamas, le Pétrole, entre autres, pourrait atteindre « de nouveaux sommets ».

Goldman Sachs juge même que dans un scénario extrême, marqué par une frappe des installations nucléaires de l’Iran par Israël – un scénario qui aurait 1 chance sur 5 de se produire selon la Banque américaine ! -, le Baril de pétrole pourrait aller bien au-delà de 150 dollars.

Les Banques centrales seraient alors dans une position inconfortable, tiraillées entre la nécessité de réduire l’inflation et les incitations à soutenir la croissance économique…

Le CAC 40 et la Bourse pourraient ainsi faire preuve d’une certaine volatilité, dans ce contexte incertain et anxiogène.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
office@kne-ltd.com

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