La France se distingue de la plupart des pays européens par la prééminence des taux d’intérêt fixes plutôt que les taux variables pour ses prêts immobiliers. Une habitude qui peut être dangereuse pour les banques en cas de remontée des taux, mais ces dernières tiennent néanmoins à ce particularisme.
Toutefois, dans un contexte économique difficile, la BCE – Banque Centrale Européenne – pousse à l’adoption des taux variables dans l’Hexagone.
Dans un contexte de taux de crédits plafonnés par le taux d’usure, avec des taux fixes hors assurance souvent affichés à plus de 2 % entraînant le blocage des financements, certaines banques se sont remises à proposer des crédits à taux variables.
Le crédit variable permet aux banques de proposer un taux d’intérêt qui évolue durant la durée du crédit. Le taux est généralement indexé sur le taux de crédit bancaire EURIBOR (taux d’intérêt moyen auquel les établissements financiers se prêtent de l’argent sur le marché interbancaire de la zone Euro).
Les taux variables offrent l’avantage d’être plus accessibles aux ménages possédant des revenus limités. Ainsi, la BCE souhaiterait généraliser leur usage en France afin de faciliter l’accès au crédit immobilier, une initiative qui n’est pas partagée par la Fédération Bancaire Française (FBF) ; ces taux varient en fonction de la situation économique et de l’inflation.
Ils peuvent mettre en danger les particuliers en cas d’augmentation fulgurante et entraîner une déferlante de défauts de remboursement ; ce n’est pas notre modèle français, unique et protecteur.
Les banques françaises ont obtenu l’octroi d’un « régime transitoire » jusqu’en 2023, exception que la BCE ne compte pas prolonger. Si l’étau se resserre trop, nous serons un jour obligés de lâcher notre modèle.
Le spectre de la crise de 2008
En privilégiant les taux fixes, les banques françaises perdent de l’argent, car les taux de refinancement sont bien plus importants que les taux d’intérêt pratiqués quand elles prêtent aux particuliers ; néanmoins, les établissements bancaires compensent ces pertes par d’autres sources de revenus.
De manière générale, dans le système français, ce sont les banques qui assument l’essentiel des risques liés à l’octroi de crédits immobiliers ; les taux variables transfèrent ce risque aux emprunteurs, choix bénéfique pour les banques, mais qui peut se révéler dangereux pour la stabilité du système financier.
S’ils confèrent en effet un certain nombre d’avantages, les prêts à taux variables peuvent mettre en danger la solvabilité des emprunteurs en cas de remontée rapide des taux d’intérêt comme c’est le cas actuellement.
En 2008, plusieurs millions de ménages américains avaient été dans l’incapacité de payer les échéances de leurs prêts, ce qui par un effet d’entraînement, avait privé les banques de liquidités suffisantes pour rester à flot, ce qui avait conduit à une crise généralisée du système financier mondial.
En nous imposant les taux variables, le régulateur veut le bien des banques ; en revanche, il doit bien comprendre que le risque ne disparaît pas, mais qu’il va être transféré aux particuliers.