Les livrets bancaires commercialisés – dit livrets d’épargne – par les banques traditionnelles ont, le plus souvent, des taux très bas au regard de ce que les banques en ligne ou encore des courtiers peuvent proposer. En revanche, elles sont plus offensives sur la rémunération des dépôts à terme.
Explications.
0.87 % : voici la rémunération moyenne des livrets bancaires en février selon les dernières statistiques de la Banque de France publiées le 5/04/2024. Un niveau qui a fortement progressé en raison des multiples hausses de taux opérées par la Banque Centrale Européenne (BCE) pour contrer la forte inflation.
Pour rappel, en février 2023, la rémunération moyenne était de 0.50 %.
Mais la moyenne actuelle cache de profondes disparités. En effet, plusieurs banques en ligne et courtiers proposent des livrets bancaires à des taux bien plus élevés.
Des taux élevés chez les acteurs en ligne
C’est le cas de BforBank avec un taux boosté sur 4 mois à 5.50 % brut. Un niveau attractif qui permet même sur cette période de gagner plus d’intérêts que sur un Livret A à 3 % net d’impôts. Ensuite, ce n’est plus le cas puisque le taux du livret BforBank passe à un taux de base de 2.10 %, soit un taux annuel de 3.25 %.
Autre exemple avec le livret Hello +, de Hello bank , avec un taux boosté sur 12 mois à 3.50 % ou encore le Livret Distingo qui offre du 3 % brut. Après application de la flat tax à 30 % sur les intérêts, la rémunération est inférieure à celle du Livret A et du LDDS, mais les livrets bancaires permettent de placer sans risque son argent avec une disponibilité des fonds à tout moment.
Des supports qui peuvent être intéressants pour un placement à court-moyen terme, une fois que les livrets d’épargne réglementée sont au plafond. Et contrairement à ces derniers dont la rémunération est fixée par l’Etat, les taux des livrets bancaires le sont par les établissements en fonction de leurs stratégies commerciales.
Des taux qui frisent le niveau 0 !
Et celles-ci sont donc très variables.
En effet, les banques traditionnelles, contrairement aux acteurs en ligne, aux banques spécialisées et aux courtiers, ne se battent pas pour proposer des taux alléchants.
Les grandes banques de réseaux proposent souvent du 0.50 % brut sur leur principal livret bancaire à l’image de La Banque Postale, SG, CIC, Crédit Agricole ou encore du LCL qui affiche du 0.55 % ; 0.75% au CCF.
Le Livret ordinaire du Crédit Mutuel peut atteindre 1 % selon les fédérations.
Pour le Compte sur livret bancaire de la Banque Populaire, c’est le grand écart : de 0.05 % à 1.05 % brut, selon les régions. À l’inverse, les Caisses d’Epargne ont décidé de concert d’un taux quasi-nul : entre 0.05 % et 0.10 % pour Le Livret B selon la caisse régionale.
Enfin, le Compte Epargne BNP Paribas est lui rémunéré seulement à 0.10% brut. Mais pourquoi un taux si faible ?
« Nos clients ont la possibilité de placer leur épargne de précaution dans de très bonnes conditions de rendement actuellement sur le Livret A et le LDDS (près de 35,000 EUR pour une personne seule et 70,000 EUR pour un couple). Pour les clients éligibles au LEP, ce plafond s’élève même à 45,000 EUR pour une personne seule et 90,000 EUR pour un couple.
C’est dans la plupart des cas largement supérieur à 6 mois de revenus, critère habituellement retenu pour un bon niveau d’épargne de précaution. Au-delà de ces montants, nous estimons que les clients ont, en fonction de leurs objectifs, des offres BNP Paribas mieux adaptées au contexte actuel de taux.
Pour des projets court-terme avec horizon bien défini, notre gamme de DAT et pour des projets moyen-long-terme nos solutions assurance vie », explique la communication de BNP Paribas dans un long courriel adressé à MoneyVox.
Des taux agressifs pour les dépôts à terme
BNP Paribas propose actuellement des taux très élevés pour les dépôts à terme avec par exemple du 3.70 % sur un mois ou 4 % sur six mois. Mais contrairement aux livrets bancaires qui sont souvent accessibles dès 10 euros, les DAT de BNP Paribas nécessitent de verser au minimum 50,000 EUR.
Mais pourquoi les banques traditionnelles sont-elles si peu offensives sur la rémunération de leurs livrets maison ?
Les grandes banques de réseaux collectent naturellement les dépôts de leurs clients. Elles ont tout intérêt à les rémunérer le moins possible pour les prêter au taux le plus élevé possible afin de maximiser leur marge.
Du côté des banques spécialisées qui n’ont ni le besoin ni l’envie d’entretenir un coûteux réseau d’agences, elles doivent trouver un autre moyen pour collecter des dépôts, qui sont nécessaires depuis la crise financière de 2008 afin de financer leurs activités.
Pour cela, elles sont prêtes à proposer des taux d’intérêts plus attractifs sur leurs livrets bancaires que les établissements traditionnels.
Les banques n‘ont pas voulu courir après le taux du Livret A car offrir plus de 3 % aurait été coûteux pour elles ; elles préfèrent donc faire l’impasse sur les livrets bancaires.
Aucune banque traditionnelle n’a intérêt à se lancer dans une guerre des taux sur les livrets bancaires : d’une part, le coût pour elle sera très élevé car il faudrait rémunérer tout le stock de dépôts sur les livrets bancaires au nouveau taux, plus élevé.
D’autre part, il est fort probable que si une banque de réseaux augmente trop ses taux, ses concurrentes répliquent dans la foulée. Son avantage concurrentiel serait donc très limité dans le temps.
À l’inverse, les grandes banques ont tout intérêt à être plus offensives sur les contrats à terme. La rémunération à taux préférentiel ne s’applique qu’aux nouveaux dépôts et non pas à l’ensemble du stock existant. Et ces dépôts à terme peuvent être personnalisés et proposés à certains clients, sans leur donner grande visibilité.
