Le gouvernement français s’apprête à mobiliser l’épargne privée pour renforcer le financement de l’industrie de la défense nationale. Une stratégie confirmée par Eric Lombard, ministre de l’Économie, lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat, ce mercredi 12 mars.
Alors que le contexte géopolitique impose une hausse des dépenses militaires, l’Exécutif cherche des solutions pour financer cet effort sans creuser la dette publique. Une réunion décisive se tiendra le 20 mars avec les acteurs de la finance et de l’industrie de la défense afin de définir les modalités de cette mobilisation.
Une épargne dirigée vers l’industrie de la défense
Le ministre de l’Économie a clarifié la position du gouvernement sur la manière dont sera orientée l’épargne des Français. « Nous allons mobiliser l’épargne privée », a déclaré Eric Lombard, insistant sur l’urgence d’un financement accru de l’industrie de défense. La réunion du 20 mars, qui rassemblera banques, assureurs, fonds d’investissement et entreprises du secteur, vise à structurer cet effort collectif.
Cependant, le ministre a exclu la création d’un livret d’épargne spécifique consacré à la défense, contrairement à certaines suggestions, notamment celle du sénateur Raphaël Daubet. « Nous ne pensons pas qu’un livret dédié soit la meilleure solution, car de nombreux outils d’investissement existent déjà », a-t-il expliqué. Il a notamment cité le Livret A et divers fonds d’investissement gérés par les banques, les assureurs et les gestionnaires d’actifs.
Ces supports pourraient être réorientés vers l’industrie de la défense pour financer l’effort militaire sans multiplier les dispositifs existants.
Un enjeu de souveraineté et de sécurité
Pour le ministre, cette mobilisation de l’épargne répond à un double objectif : renforcer la sécurité nationale et européenne tout en consolidant l’industrie de la défense. « Cet effort est essentiel pour garantir la sécurité de notre pays et de l’Union européenne », a-t-il affirmé. Face aux tensions géopolitiques croissantes, notamment en Ukraine et en Asie, la France entend ainsi assurer son indépendance stratégique et technologique.
Mais au-delà de l’aspect militaire, cette stratégie vise également à dynamiser l’économie nationale. « Il s’agit non seulement de renforcer notre capacité de défense, mais aussi de soutenir la relocalisation des filières industrielles en France et en Europe », a poursuivi Eric Lombard. En effet, le développement de l’industrie de la défense s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté industrielle, visant à réduire la dépendance aux importations étrangères.
Un financement sans impact sur la dette et le modèle social
L’une des grandes interrogations concernant ce projet reste son impact économique et social. Le gouvernement se veut rassurant : « Cet effort ne doit pas se traduire par une dette supplémentaire ni par une dégradation de notre modèle social », a assuré le ministre. Autrement dit, l’objectif est d’éviter un financement par l’endettement ou une augmentation des impôts, qui pourrait peser sur les contribuables.
En mobilisant l’épargne privée, le gouvernement espère ainsi trouver une solution alternative qui permette de financer les besoins militaires sans alourdir les finances publiques. Reste à savoir quelles seront les modalités précises de cette mobilisation.
S’agira-t-il d’incitations fiscales pour encourager les investissements dans l’industrie de la défense ? D’un fléchage plus systématique des fonds d’investissement vers ce secteur stratégique ? La réunion du 20 mars devrait apporter des éléments de réponse.
Une mobilisation des Français autour de la défense
L’annonce de cette mesure s’inscrit dans un contexte où le gouvernement cherche à sensibiliser les citoyens aux enjeux de la défense nationale. « Nous souhaitons que les Français et Françaises puissent participer à cet effort collectif », a souligné Eric Lombard. Cette déclaration révèle une volonté de rendre les citoyens plus impliqués dans les décisions stratégiques du pays.
Cependant, cette initiative pourrait susciter des débats sur l’opportunité de mobiliser l’épargne pour financer un secteur aussi spécifique que la défense. Certains pourraient y voir une instrumentalisation des ressources privées à des fins militaires, tandis que d’autres salueront une approche pragmatique visant à assurer la sécurité nationale sans peser sur les finances publiques.
Quoi qu’il en soit, cette mobilisation de l’épargne s’inscrit dans une tendance plus large de réindustrialisation et de renforcement de la souveraineté économique. Elle pourrait préfigurer d’autres initiatives visant à orienter l’épargne vers des secteurs stratégiques. La réunion du 20 mars apportera des clarifications sur les mécanismes envisagés et les réactions des acteurs économiques concernés.