Wall Street bat des records, dopée par l’IA et l’espoir d’une baisse des taux

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Le 11 septembre 2025, Wall Street a connu une journée spectaculaire. Les principaux indices américains — S&P 500, Dow Jones, Nasdaq — ont atteint ou dépassé leurs précédents sommets. En parallèle, les rendements des obligations d’État américaines ont reculé, tandis que le dollar s’est affaibli. Cette dynamique haussière résulte d’un enchaînement de signaux économiques modérés, de l’anticipation croissante d’une baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale, et d’un engouement renouvelé pour les valeurs technologiques liées à l’intelligence artificielle.

Des données économiques qui ravivent l’espoir

Au cœur de ce rebond boursier, les dernières statistiques américaines sur l’emploi ont joué un rôle clé. Le nombre de nouvelles demandes d’allocations chômage a augmenté plus que prévu, suggérant un affaiblissement progressif du marché du travail. Bien que l’inflation reste au-dessus de l’objectif officiel de la Fed, elle a été jugée maîtrisable : l’indice des prix à la consommation (CPI) s’établit à 2,9 % en glissement annuel pour le mois d’août, tandis que l’inflation “core”, hors alimentation et énergie, reste autour de 3,1 %.

Cette configuration alimente les attentes d’un virage monétaire. Les investisseurs estiment que la Fed pourrait profiter du ralentissement de l’emploi pour enclencher une première baisse des taux dès sa réunion de septembre. D’autres ajustements pourraient suivre d’ici la fin de l’année, si les conditions macroéconomiques le permettent.

Ce scénario d’« atterrissage en douceur » — une désinflation sans récession — est très recherché par les marchés. Il permettrait à la fois une baisse des taux directeurs et un soutien aux actifs risqués, sans que l’économie ne bascule dans une contraction sévère. Les données récentes semblent aller dans ce sens : des signes de modération sur le front des prix, combinés à un essoufflement du marché de l’emploi, sans pour autant entrer dans une phase de crise.

L’IA donne des ailes aux valeurs technologiques

Autre facteur déterminant de la flambée des indices : la performance exceptionnelle d’Oracle. L’entreprise a enregistré une hausse d’environ 36 % en une journée, grâce à des résultats trimestriels bien supérieurs aux attentes et à des perspectives solides liées à la demande croissante de services cloud pour l’intelligence artificielle. Ce rebond a relancé l’intérêt pour le “AI trade”, déjà très présent dans les portefeuilles d’investisseurs.

Le mouvement ne s’est pas limité à Oracle. D’autres acteurs du secteur technologique, notamment dans les semi-conducteurs comme Micron, ont vu leurs objectifs de cours revus à la hausse, renforçant le sentiment positif général. Les valeurs de croissance, sensibles aux perspectives de baisse des taux et à l’évolution rapide de l’IA, ont été particulièrement recherchées.

Les marchés de taux confirment le changement d’ambiance

Sur le marché obligataire, les rendements des bons du Trésor américain à long terme ont baissé, ce qui reflète à la fois une moindre crainte d’inflation et une anticipation d’assouplissement monétaire. Cette détente sur les taux soutient mécaniquement les actions, car elle augmente la valeur actuelle des flux de bénéfices futurs.

Les secteurs sensibles aux taux d’intérêt, comme l’immobilier ou les biens de consommation durables, ont bénéficié de cet environnement plus favorable. En parallèle, le repli du dollar face aux principales devises a soutenu les exportations et, indirectement, certaines multinationales cotées à Wall Street.

Décisions des banques centrales en toile de fond

En Europe, la Banque centrale européenne a choisi de maintenir ses taux directeurs à 2 %, conformément aux attentes. Cette décision, perçue comme un signal de stabilité, a levé un certain nombre d’incertitudes à court terme. Toutefois, les investisseurs restent attentifs à une éventuelle inflexion de la politique monétaire européenne, dans un contexte où l’inflation reste au-dessus de l’objectif, mais semble se stabiliser.

Des risques toujours présents

Malgré l’optimisme apparent, plusieurs éléments incitent à la prudence. L’inflation reste supérieure aux objectifs des grandes banques centrales, notamment en ce qui concerne les coûts de logement et les prix alimentaires, qui demeurent sous pression. Par ailleurs, si le marché du travail continue à se détériorer, le scénario de l’atterrissage en douceur pourrait rapidement virer à la récession.

Les attentes de baisse des taux sont désormais largement intégrées dans les valorisations boursières. Si les prochaines décisions de la Fed ou les indicateurs économiques à venir ne confirment pas ce scénario, une correction brutale n’est pas à exclure. D’autres incertitudes pèsent également sur les marchés : tensions commerciales, droits de douane, fragilité des chaînes d’approvisionnement ou encore risques géopolitiques.

La séance exceptionnelle du 11 septembre 2025 illustre la puissance des marchés à réagir positivement à un faisceau de signaux macroéconomiques jugés favorables. L’affaiblissement du marché de l’emploi américain, combiné à une inflation perçue comme sous contrôle et à la bonne santé du secteur technologique — particulièrement autour de l’intelligence artificielle —, a déclenché un rallye global sur les actifs risqués.
Les investisseurs semblent parier sur une phase où la Réserve fédérale assouplira progressivement sa politique, sans provoquer de choc majeur pour l’économie réelle. Si ce scénario se confirme, le rebond pourrait se prolonger. Mais la trajectoire reste étroite : toute déviation, qu’elle soit liée à l’inflation, à l’emploi ou à la communication des banques centrales, pourrait renverser l’élan actuel.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
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