Zone euro : la BCE abaisse ses taux pour la sixième fois face aux tensions commerciales

BCE

Francfort, le 17 avril 2025 – La Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois abaissé ses taux directeurs ce jeudi, dans un contexte de forte incertitude économique alimentée par l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires. Il s’agit de la sixième baisse consécutive depuis juin 2024, marquant un revirement clair de politique monétaire après une période de resserrement initiée en 2022.

Le taux de dépôt, référence clé pour les marchés, a été réduit de 25 points de base pour s’établir à 2,25 %. Un niveau que la BCE, sous la présidence de Christine Lagarde, ne considère plus comme contraignant pour l’économie de la zone euro.

Cette décision intervient alors que la croissance reste fragile et que les perspectives économiques s’assombrissent, notamment sous l’effet des nouvelles surtaxes douanières annoncées début avril par le président américain Donald Trump.

Un contexte international de plus en plus instable

Les tensions commerciales, exacerbées par l’imposition par Washington de droits de douane allant jusqu’à 145 % sur certains produits chinois et de 25 % sur les véhicules européens, créent un climat d’incertitude pesant sur les marchés.

Malgré une trêve temporaire de 90 jours pour les surtaxes au-delà de 10 % sur les pays hors Chine, l’impact reste significatif pour plusieurs secteurs stratégiques européens, notamment l’automobile, les semi-conducteurs et la pharmacie.

Face à cette détérioration des perspectives mondiales, la BCE justifie son action par la nécessité de préserver la stabilité financière et de soutenir la dynamique économique.

« L’économie de la zone euro fait preuve de résilience, mais les risques liés aux tensions commerciales et à l’imprévisibilité des décisions américaines sont bien réels », souligne l’institution dans son communiqué.

La directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, a d’ailleurs mis en garde mercredi contre les « conséquences négatives sévères » de cette guerre commerciale.

Vers de nouvelles baisses de taux ?

Dans ce climat mouvant, la BCE affirme qu’elle poursuivra sa politique en s’appuyant sur les données économiques disponibles, sans exclure de nouvelles baisses lors des prochaines réunions. Certains analystes anticipent déjà un taux de dépôt ramené à 1,75 % dans les mois à venir, si le ralentissement du commerce mondial se confirme.

Lors de la réunion précédente en mars, les responsables monétaires européens avaient laissé entendre qu’une pause dans le cycle d’assouplissement était envisageable, notamment à la lumière du plan de relance allemand et des hausses de dépenses militaires en Europe.

Mais les initiatives de Donald Trump ont rebattu les cartes, poussant la BCE à agir sans attendre les prochaines prévisions macroéconomiques prévues en juin.

L’inflation reléguée au second plan

Autre signe d’un changement de cap : la BCE relègue désormais les craintes inflationnistes au second plan. L’inflation dans la zone euro est en recul, atteignant 2,2 % en mars, proche de l’objectif de 2 %.

La désinflation est jugée « en bonne voie », permettant à la BCE de se concentrer davantage sur les risques de ralentissement économique et de déséquilibres financiers.

À Francfort, l’accent est mis sur la stabilité du système bancaire et des marchés, mis à rude épreuve par la volatilité du dollar, la hausse des rendements obligataires américains et les incertitudes géopolitiques. « La BCE surveille la situation de près et reste prête à intervenir si nécessaire », a déclaré Christine Lagarde la semaine dernière depuis Varsovie, en marge d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro.

Alors que l’ombre d’une déflation ressurgit, certains observateurs n’hésitent pas à évoquer un risque de spirale comparable à celle de 2008. La BCE, elle, semble déterminée à tout faire pour éviter que l’histoire ne se répète.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
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