Banques françaises : la hausse des taux tarde à faire effet !

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Alors que la majorité des grandes banques européennes ont publié des résultats en hausse, et supérieurs aux attentes, la performance des établissements français a été plus contrastée. L’impact de la hausse des taux, favorable au secteur bancaire, ne se matérialise pas encore.

Les groupes mutualistes français BPCE et Crédit Agricole ont vu leurs bénéfices reculer au cours du troisième trimestre
La hausse des taux, déclenchée au printemps dernier par la BCE – Banque Centrale Européenne – visant à endiguer l’inflation, a bel et bien profité aux banques européennes : à l’issue des résultats du troisième trimestre, les revenus d’intérêt ont profité de cette nouvelle donne.

En France, les banques ont certes signé un trimestre de bonne facture, mais elles n’ont dans l’ensemble pas bénéficié de ce nouveau climat monétaire ; en témoigne la baisse du bénéfice net du Crédit Agricole SA et de la BPCE, à rebours de l’ensemble du secteur bancaire européen.

En cause notamment, le fait que les banques prêtent à taux fixe dans l’Hexagone, empêchant les établissements de répercuter directement la hausse sur leurs clients.

Marges d’intérêt en baisse
Chez BPCE, aux caisses régionales de Crédit Agricole, mais aussi à la Société Générale, la marge nette d’intérêt était en baisse dans l’activité de banque de détail au troisième trimestre.

BNP Paribas fait ici exception, avec des revenus d’intérêt en hausse en France , même s’ils se tassent en Italie et en Belgique.

L’intensité concurrentielle sur le marché peut également expliquer une moindre progression des marges en France, où toutes les grandes banques ont encore vu leurs encours de crédit augmenter, malgré une situation économique plus incertaine.

Le coût de la ressource
Autre spécificité française, alors qu’elles ne peuvent pas directement répercuter la hausse des taux sur leur stock de prêts, les banques ont vu en quelques mois la rémunération qu’elles doivent servir sur le Livret A passer de 0.50 % à 2 %.

Une charge particulièrement forte pour les réseaux mutualistes, principaux distributeurs de ce produit d’épargne ; sur neuf mois, elle a coûté près de 400 millions d’EUR aux Caisses d’Epargne et aux Banques Populaires.

Ironie du sort, les banques françaises se trouvent pénalisées par des stratégies qui s’étaient révélées plutôt gagnantes jusque-là.

Face à la faiblesse des taux, elles ont cherché à se désensibiliser autant que possible du crédit, et à diversifier leur modèle pour proposer de l’assurance, de l’épargne et même des systèmes d’alarme.

C’est ce qui a profité aux banques espagnoles, comme Caixa ou Bankinter dont les cours ont bondi respectivement de 32 % et de 25 % depuis le début de l’année.

Dopée par la remontée des taux, leur rivale Santander a vu ses revenus nets d’intérêt bondir de 7 % en Europe au cours du troisième trimestre par rapport au trimestre précédent.

Pénalisées en Bourse
Revers de la médaille, ces banques qui prêtent à taux variable se trouvent aujourd’hui dans le viseur du gouvernement espagnol, bien décidé à leur infliger une taxe exceptionnelle, compte tenu des profits réalisés.

Le même type d’explication se retrouve en Allemagne. Commerzbank, moins diversifiée et plus tournée vers la clientèle locale, a davantage bénéficié de la hausse des taux que la Deutsche Bank, qui a pourtant enregistré, elle aussi, de très belles performances ; le titre Deutsche Bank a ainsi perdu 12 % de sa valeur depuis le début de l’année, quand Commerzbank a grimpé de 10 %.

Quant aux banques françaises, leur moindre sensibilité à l’environnement de taux leur coûte cher en Bourse : depuis le 1er janvier, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole SA ont perdu entre 17 % et 25 % de leur valeur.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
office@kne-ltd.com

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